samedi 28 novembre 2009

"Le village aux huit tombes" de Yokomizo Seishi

Yokomizo Seishi est un auteur de littérature policière bien connu au Japon. Dans "le village aux huit tombes" (édition picquier poche), cela commence à une époque lointaine, comme sous la forme d'une légende, dans un village au coeur des montagnes où des samouraïs sont venus s'y réfugier après avoir volé un trésor. Les villageois, dans un premier temps, les ont cachés, mais gagnés par la cupidité, alléchés par la récompense pour leur capture et par le même coup leur trésor, ils trahirent les samouraïs. La malédiction semble s'être abattue sur ce village.

Quelques centaines d'années plus tard, l'arrivée du narrateur dans ce village semble déclencher à nouveau des meurtres et remuer des histoires anciennes. Qui perpétue les crimes et dans quel but? Le détective Kindaichi, sous ses airs benêts, mêne l'enquête avec brio. Ce roman policier se lit d'une traite! Palpitant, le rythme est soutenu, l'intrigue est prenante. A lire de toute urgence.

"Une carte pour l'enfer" de Miyabe Miyuki

Roman policier de Miyabe Miyuki: "une carte pour l'enfer" (édition picquier poche) a reçu un prix au Japon. Il y est question d'une jeune femme dont on parle, dont on décortique la vie, qu'on recherche mais qu'on ne "rencontre", du reste pas vraiment, que dans les dernières pages de ce livre palpitant. Nous suivons l'inspecteur Honma sur la piste de cette femme dans un pays où la fièvre consumériste a poussé les plus fragiles à se faire piéger par l'argent facile des cartes de crédit. La carte pour l'enfer, c'est la vie d'une solitaire, d'une vie où consommer c'est un peu atteindre un semblant de vie rêvée, l'engrenage vers une issue noire et désespérée. Voila que cette femme semble avoir conçu un stratagème meurtrier: prendre une nouvelle identité pour échapper aux dettes. L'auteur nous décrit avec détail le système des dettes, qui peuvent se poursuivre sur plusieurs générations entraînant des drames familiaux. Un regard noir et lucide sur notre société.

"Sukho thai" Paris 13ème

Dans une petite rue derrière la place d'Italie, côté du quartier de la Butte aux Cailles, se trouve un tout petit restaurant thaïlandais: "Sukho thai" (12, rue du Père Guérin, 75013 Paris, 01.45.81.55.88). L'espace est exploité au maximum, mais c'est mignon, lumière tamisée, la décoration est typique thaï: des têtes géantes de bouddha, des sculptures sur bois, des sets de table en bambou... Vu la taille de l'établissement, mieux vaut réserver. Nous avons de la chance, nous avons eu une table de justesse sans réservation avant le 2ème service, nous sommes tout au fond, dans l'alcôve. La carte donne envie de tout essayer, on ne sait quoi choisir! Pour une 1ère fois, nous préférons prendre des classiques, car mine de rien des classiques réussis et soignés, c'est du tout bon. Pour commencer, Dragounet choisit un jus de coco qui est servi dans un verre tout penché: le vrai jus de coco, très bon, léger! Dragounet débute avec des raviolis de crevettes à la vapeur (car ce restaurant fait aussi des plats chinois), poursuit avec du poulet sauté épicé au lait de coco: la sauce est très bonne, on adore! le poulet fondant, pas sec du tout; et du riz gluant servi dans son petit panier en osier est très bon aussi. Moi, j'ai opté pour une soupe aux crevettes et citronnelle: excellente, épicée juste comme il faut, ni trop ni trop peu; toutes les saveurs de gingembre, de coco, de citronnelle, de coriandre et autres herbes, s'équilibrent bien. En plat, j'adore les crevettes sautées épicées au lait de coco! La cuisson des crevettes est nickel! pas trop cuites comme c'est trop souvent le cas. En dessert, le flan thaï est pas mal du tout, un vrai dessert sucré, joliment servi avec son orchidée en décoration. Tous les plats sont tous bien présentés, mis en valeur avec des fleurs sculptées sur légumes, ce qui n'enlève rien au plaisir des yeux.
Sur les tables voisines, nous avons pu voir une salade servie dans une noix de coco évidée et un plat en terre avec plusieurs couvercles dessus (cuisson spéciale sûrement), bref que du beau pour les yeux, on aurait bien voulu goûter.

verdict: très bonne adresse, pas excessivement coûteux pour un restaurant thaï, une déco mignonne, et surtout le plus important: des plats délicieux, on y retournera pour tester la salade de fruits de mer, les pinces de crabe, le poisson chat etc etc...

samedi 14 novembre 2009

Les spécialités de Miyajima, Japon

Emblême de Miyajima: O-torii, en bois de camphrier, 16 m. de haut, il se trouve à 200 m. du sanctuaire Itsukushima. A marée basse, nous pouvons approcher aux pieds des piliers du tori.

Les petits gâteaux de Miyajima, appelés Momiji manju, sont connus et vendus dans tout le Japon. Ce sont des génoises en forme de feuille d'érable, garnies de crème, le plus souvent de haricots rouges azuki, mais de plus en plus, on trouve de nombreux autres parfums différents comme le citron, le chocolat, pêche... A miyajima, nous trouvons de nombreuses boutiques avec un automates qui fabriquent ces gâteaux et nous pouvons suivre le processus en regardant la vitrine! Très amusant! Ces gâteaux sont donc à l'honneur à l'heure du thé accompagné d'un thé vert, le thé typique c'est le vert avec des grains de riz grillés.

Des pinceaux pour huiler les moules en forme de feuille d'érable, l'arbre que nous trouvons un peu partout:
pâte, garniture crème et re-pâte. La partie supérieure du moule se rabat et les flammes s'allument. Les moules peuvent même basculer pour cuire l'autre face!
L'emballege pour finir:
De nombreuses boutiques disposent de ces automates dans leur vitrine, une fois emballés, les momiji manju sont directement mis en vente dans les rayons:
C'est moelleux, sucré, idéal pour une pause thé:

Autre spécialité de cette île Miyajima, ce sont les huîtres, sous toutes ses formes. On trouve même un festival des huîtres en février à Miyajima où tous y sont invités à les déguster à petit prix. Nous avons goûté aux huîtres cuites en beignet servis dans une soupe de nouille udon. Contrairement à ce qu'on pourrait croire c'est bon. Pour ceux qui aiment les huîtres crues, on a le même goût, la texture gélatineuse en moins! Dans les rues de Miyajima, nous trouvons de nombreuses gargotes qui vendent des huîtres cuites au barbecue.
Les anguilles grillées sont une autre des spécialités culinaires de la région.

Dans l'artisanat local, on trouve des cuillères en bois, de toutes les tailles, même de plusieurs mètres de long! De nombreuses pièces sont accrochées au plafond du temple de Senjokaku:


dimanche 8 novembre 2009

le ryokan "Iwaso" à Miyajima, Japon

Après de bonnes balades sur l'île de Miyajima (voir message précédent), nous allons nous reposer et profiter du calme et de l'ambiance zen du ryokan "Iwaso" (http://iwaso.com/e_introduction.html). Aux abords du parc Momijidani, le ryokan est idéalement situé pour, aussi bien profiter des temples que de belles randonnées dans la forêt. Le ryokan, c'est une auberge traditionnelle japonaise. Un certain nombre de règles régissent les lieux. Les chambres sont typiques avec le sol en tatamis (la taille de notre chambre fait une dizaine de tatamis) où il faut marcher déchaussé, des portes coulissantes pour cacher des étagères ou séparer des pièces, et l'ikebana (l'art de l'arrangement des fleurs) dans un angle de la pièce. La décoration est d'une sobriété et d'un dépouillement très esthétique: rien de superflu; les matières et les couleurs naturelles ne sont que mieux mises en valeur. A notre arrivée, dans l'après midi, nous recevons quelques explications, par une hôtesse en tenue traditionnelle, sur le fonctionnement et les services offerts par le ryokan. Nous avons aussi le thé vert servi avec les fameux petits gâteaux spécialités de l'île: les momiji manju. Autour de notre table basse, notre hôtesse nous explique que nous avons à notre disposition des yukatas: des kimonos légers en coton, une tenue de fin de journée pour se détendre. Si on a un peu froid on peut passer par dessus le gilet adapté: le tanzen. On peut même passer cette tenue pour aller aux bains publics, voire même se balader dans les rues le soir venu. Offerts aussi des chaussettes à gros orteils séparés (tabi) et des petits sacs en tissus colorés. Le cadre et la vue de notre chambre sont magnifiques, d'un côté on voit au loin la mer et de l'autre c'est la forêt.
Le soir venu, notre dîner est servi dans notre chambre. Notre hôtesse nous apporte le kaiseki. Ce type de repas est d'une très grande finesse. Il se compose de plusieurs mets tous préparés avec beaucoup de soin, des produits locaux de saison, très joliment mis en valeur. L'hôtesse nous présente plusieurs services et chaque service comporte plusieurs petits plats. Des textures différentes, des goûts variés; les couleurs, les apparences, les parfums, tout a une importance. Tout est beau, c'est d'abord un plaisir à découvrir avec les yeux, tout est aussi bon, un vrai voyage pour nos papilles. Dîner, dans cette chambre, sur notre table basse, l'odeur de la paille du tatamis, dans nos yukatas, nous sommes comme dans un autre monde, le dépaysement total.
La présentation des plats inclut souvent des feuilles d'arbre, ici du poisson est emballé dedans:
Pince de crabe, soupe miso, oeufs de saumon sur riz...:

Le deuxième soir au ryokan, nous avons eu la chance de goûter à un autre dîner tout aussi spectaculaire que le premier. Un sukiyaki : une fondue de boeuf qui se cuit sur notre table basse, dans un plat en fonte. C'est un nabe, proche du shabu shabu, c'est à dire qu'il se cuit devant nous, on peut y mettre les ingrédients qu'on veut. Contrairement au shabu shabu, le sukiyaki ne se cuit pas dans une soupe, mais dans une petite quantité de sauce. On peut ajouter du choux chinois, des champignons shiitake, du tofu. Le boeuf est très tendre et fondant, du à son aspect marbré typique du boeuf de là bas: le gras est réparti avec la viande et non autour. On dit que certaines variétés de ce boeuf sont massés régulièrement et nourri à la bière! A côté du sukiyaki, nous avons eu plusieurs autres plats. Le repas était très copieux.
Après une balade nocturne pour goûter au calme des rues et la belle vue des monuments éclairés, direction les bains pour se détendre. Il faut savoir qu'il est nécessaire de se laver au niveau des douches et que le bain sert uniquement à se détendre, l'eau est parfois d'origine thermale et assez chaude. Les bains du ryokan ne sont pas mixtes, car il faut y aller sans aucun vêtement, une petite serviette est fournie que nous pouvons utiliser en guise de gant de toilette et dans le bain pour le garder avec soi, une fois essorée, on peut le plier et le poser sur notre tête. Dans le ryokan Iwaso, que ce soit côté femme ou homme, on trouve à chaque fois, deux bains, un à l'intérieur et l'autre à l'extérieur avec vue donnant sur la forêt. Nous avons de la chance, Dragounet de son côté et moi du mien, nous sommes seuls. Quel détente: le corps au chaud et la tête au frais avec une ambiance forêt devant nous!
Les futons sont installés, ils sont très confortables et la couette toute légère mais bien chaude:
Verdict: dans les grandes villes, nous avons choisi une chaîne de business hôtels (Toyoko inn) qui nous ont donné entière satisfaction: pratique car proche des transports, un service nickel et même si les chambres sont petites elles sont très bien entretenues. Dans un environnement comme Miyajima, le ryokan Iwaso vaut vraiment le coup, nous ne regrettons pas d'avoir payer plus cher que dans un hôtel classique, c'était une expérience unique.

lundi 2 novembre 2009

L'île de Miyajima, Japon

Une fois à la gare de Miyajimaguchi (à 25 min de train de Hiroshima), on peut prendre le ferry qui nous emmène sur l'île de Miyajima en quelques dizaines de minutes. Miyajima réunit dans un périmètre praticable à pied, des sites historiques et de beaux chemins de randonnée dans une forêt primitive qui permettent d'accéder à un panorama sur la mer intérieure. Une fois que le flot de touristes a quitté l'île le soir venu, il est bien agréable de goûter au calme des rues. On se croirait à une autre époque. La nuit sur l'île, à dormir sur des futons dans un ryokan (maison traditionnelle japonaise) vaut le détour. Les daims, comme à Nara, sont ici aussi en liberté et il n'est pas rare de les rencontrer dans les rues de l'île.

Le temple Senjokaku offre un panorama calme et verdoyant sur la forêt. Ce temple constitué d'immenses poutres en bois brut et complètement ouvert sur l'extérieur, est le plus grand bâtiment de l'île: 857 tatamis. Un endroit bien reposant où l'on s'assoit volontiers pour admirer la vue et faire une pause au calme. Un plaisir de marcher pied nu sur le bois patiné par les siècles. A côté, la pagode à 5 étages, contraste avec sa couleur rouge vermillon. Cette pagode combine l'architecture japonaise et celle des Tang de Chine.

Le temple Senjokaku et la pagode à 5 étages:

Le site incontournable de l'île reste le sanctuaire d'Itsukushima qui fut fondé au 6ème siècle. Plusieurs bâtiments sont reliés par des pontons et galeries couvertes donnant directement sur la mer. Le caractère sacré de l'endroit voulait que les gens autorisés à y accéder, devaient approcher l'île en passant par le torii flottant: O-torii. Des spectacles comme le bugaku, une forme ancienne de danse, ont lieu sur une scène au milieu du sanctuaire notamment au cours de mariages shinto comme c'était le cas ce jour là. Le O-torii est l'emblème de Miyajima, il est fait de bois de camphrier laqué de vermillon. De près de 16m de haut, il ne repose que par son propre poids sur le sable, des renforts ont cependant été ajoutés sous les piliers. On peut approcher du tori à pied quand la marée est basse.

Le O-torii:

On déguste quelques marrons délicieux, tranquilles sur la plage:

Le sanctuaire d'Itsukushima:

Un mariage shintô (la mariée en cape blanche à gauche et son mari à ses côtés) et le spectacle bugaku en leur honneur:

Avec Dragounet, nous avons entrepris une bonne randonnée dans la forêt, (pour les moins téméraires, il existe un téléphérique), nous avons emprunté un des chemins les plus ardus: le parcours momijidani. Les marches en pierre sont souvent abrupts, mais le paysage est superbe. Les araignées (sic!) sont nombreuses, heureusement pas sur le chemin! Personne sur tout le parcours, juste quelques daims. Après 2,5 km et près de 525 m de dénivelé, je ne suis pas mécontente d'arriver!!! Au sommet du mont Misen, on a un beau panorama, à travers les puissantes jumelles, on a même pu voir un singe. Une bonne pause et nous voila sur le chemin de descente par le parcours Daishoin, nettement plus facilement praticable que celui de momijidani. Pour se reposer et apprécier pleinement la sérénité des lieux une fois que les foules de touristes ont quitté l'île, l'idéal est de passer une nuit ou deux dans un ryokan.

Le parc Momijidani occupé par les daims, tout prêt, des ryokans dans un cadre verdoyant, plus loin le chemin de randonnée à travers la forêt menant au mont Misen: